Ficaire : carte d'identité

Publié le par Tinuviel


LA FICAIRE FAUSSE RENONCULE

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Nom latin : ranunculus ficaria ou ficaria ranunculoïdes ou ficaria verna

("Ficaria" dérive de "ficus", qui signifie "figue" en latin, nom donné à cause de la forme de sa racine qui ressemble à une petite figue)

Noms vernaculaires : petite éclaire, éclairette, herbe aux hémorroïdes, petite chelidoine, herbe au fic, Louis d'or, pot au beurre, épinard du bûcheron, grenouillette...   

Famille : renonculacées*

* Ne jamais oublier que cette famille comprend des plantes souvent TRES toxiques. La ficaire est la seule renonculacée que l'on peut consommer DANS CERTAINES LIMITES, c'est-à-dire qu'on ne peut consommer que les très jeunes feuilles (idéalement avant la floraison, ou en tout cas au début de la saison de floraison) quand elles n'ont pas encore fabriqué et stocké la proto-anémonine, l'alcaloïde qui les rend âcres et toxiques.

Description botanique : herbacée vivace aux racines fibreuses, glabres en toutes ses parties, et présentant des tubercules ovoïdes et charnus. La souche est très courte et produit plusieurs tiges simples ramifiées, couchées ou dressées, creuses, charnues et luisantes, de 20 à 30 cm maximum, groupée en touffes, et présentant parfois des bulbilles sur les noeuds inférieurs. Elle pousse en colonies et forme souvent de larges tapis. 
Ses feuilles sont épaisses, alternes, au long pétiole élargi et engainant, d'un beau vert plus foncé au-dessus qu'en-dessous, et parfois veinées de rouge violacé en leur centre ; elles sont crénelées et ont une forme de coeur renversé assez caractéristique.
Ses fleurs solitaires sont en forme d'étoiles, jaune d'or sur le dessus et verdâtres sur le dessous, longuement pédonculées et formées de 6 à 12 pétales oblongs présentant à la base une "fossette" nectarifère. Elles possèdent en outre de nombreuses étamines tournées vers l'intérieur ("extorses"). Elles semblent presque "vernies" tant elles sont brillantes. En fanant, elles perdent leur éclat et blanchissent. Elles sont le plus souvent stériles : la multiplication des plants se fait par les bulbilles situés à l'aisselle des feuilles (bourgeons axillaires) qui produisent une racine adventice tubérisée et tombent lorsque celles-ci fanent ; ils sont alors sont disséminés par les insectes ou les éléments, ainsi que par division de racines lors de la 2ème année.
Ses fruits sont formés de plusieurs akènes ovoïdes et obtus. Ses racines, petits tubercules ovoïdes et charnus bien vivaces, restent en terre.

Principaux caractères d'identification :
- forme des feuilles (cordiformes et crénelées)
- fleurs étoilées à nombreux pétales jaunes d'or, avec plus de pétales que de sépales.
- présence des bulbilles à l'aisselle de certaines feuilles
- floraison très précoce

Végétation et floraison : sort de terre en hiver, et fleurit de mars à mai. Ne subsiste qu'à l'état de racines dès la fin du printemps.

Cueillette : les jeunes feuilles et les inflorescences, en mars ou avril

Habitat : terrains humides et ombragés (sous-bois, bords de rivières), sols frais et riche, limoneux ou argileux. Jusque maximum 1600 mètres.

Confusions possibles avec (dans l'odre de possibilité) :
- populage des marais (caltha palustris) = DANGER --> les feuilles sont fort semblables, mais le caltha a des fleurs plus grosses, à 5 sépales uniquement. Confusion assez possible.
- bouton d'or (ranunculus acris) ou autres renoncules = DANGER --> mais moins de pétales et feuilles différentes. Peu probable.
- anémone hépatique (hepatica nobilis) (hors floraison !) = DANGER --> mais fleurs blanches, roses ou violettes et feuilles trilobées. Improbable.

Composants :
Alcaloïdes : chélidonine et cholérythrine
Saponosides triterpéniques : acide ficarique, ficarine (dans les racines), rhamnoglucoside d'hédéragénine (comme dans le lierre), acide oléanolique
Protoénamonine* (commune à toutes les renonculacées, irritante)
Huile essentielle
Tanins
Vitamine C (surtout dans les sommités fleuries)

* protoanémonine = substance irritante responsable de l'âcreté des renonculacées. Elle se forme à la lumière à partir d'un précurseur glycosidique. Le séchage la transforme en anémonine, laquelle est inactive. A fortes doses, elle provoque des contractions musculaires, des vomissements, des coliques sanglantes des troubles respiratoires et cardiaques et de l'hématurie (sang dans les urines) .

Toxicité potentielle : l'utilisation limitée aux jeunes feuilles et aux fleurs, en quantité modérée (à mélanger à une salade par exemple) élimine tout danger. La cuisson ou le séchage également. L'ingestion peut sinon provoquer une sensation de brûlure dans la gorge, puis des nausées et une violente inflammation de l'intestin.

Propriétés :

- analgésique
- décongestionnante
- anti-inflammatoire
- anti-scrofuleuse
- rubéfiante
- vésicatoire
- diurétique

Indications : hémorroïdes, (simples ou en prolapsus), jambes lourdes.

Les propriétés des saponines de la ficaire (ficarine dans les racines) sur les liaisons hémorroïdales ont été prouvées scientifiquement. Cette plante est donc utilisée comme base de nombreuses pommades pour l’industrie pharmaceutique, mais se prend également en poudre, en sirop, en extrait, en intrait, en infusion et en décoction. Le simple suc de la plante fraîche écrasée peut servir à badigeonner les hémorroïdes.

Histoire, légendes et symbolique :
Les racines ressemblant à des hémorroïdes étaient préconisées, dans la médecine des signes, contre cette affection. Selon la théorie des signatures, l'analogie morphologique entre la ficaire et les hémorroïdes a fait que la médecine populaire l'a toujours employée (depuis le Xvème siècle au moins) pour soigner cette affection. Coïncidence ou non, cette plante est effectivement anti-inflammatoire et analgésique.

L'un se ses noms vernaculaires – épinard du bûcheron – indique que ses feuilles ont été consommées jadis en petites quantités

Il fut un temps on l'on utilisait les feuilles contre le scorbut à cause de leur richesse en vitamine C.

Anecdote : depuis le XVIème siècle, on a baptisé ces plantes de bords de cours d'eau "ranoncules", ce qui signifie "petites grenouilles". Ce nom s'est ensuite propagé aux espèces terrestres possédant les mêmes caractéristiques.

 

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A suivre : RECETTES à base de ficaire

A suivre : REMEDES à base de ficaire


Francoise Jeurissen


 

Publié dans L'herbier, plantes sauvages

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